Hyperactivité: problème et potentiel

Jadis, on disait des enfants qui ne tenaient pas en place qu’ils étaient agités ou tête en l’air. Aujourd’hui le diagnostic est bien souvent: trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité.

Texte: Katharina Rilling

Images: iStock

5 mn

22.09.2021

Ils sont facilement distraits ou donnent l’impression d’avoir la tête dans les nuages, ont vraiment du mal à se concentrer et se plaisent à repousser le travail jusqu’à la dernière minute. Certains sont agités ou ont des difficultés sur le plan social, beaucoup ne respectent pas les règles et sont victimes de harcèlement. Pas tous les enfants sont faits pour se tenir tranquillement sur les bancs de l’école, si? Les parents de ces enfants se posent souvent la question: ce comportement est-il encore normal ou est-ce déjà de l’hyperactivité?

Seuls les médecins et psychologues sont en mesure de poser le diagnostic du déficit d’attention avec hyperactivité (TDAH), lequel a été rendu bien trop souvent ces dernières années: il a été question d’une avalanche de prescriptions de Ritaline, médicament à la mode, d’erreurs de diagnostic, voire d’une génération entière d’hyperactifs. Un constat que corrobore Stephan Kupferschmid, médecin-chef en psychiatrie des adolescents et jeunes adultes dans le service de psychiatrie intégrée de Winterthour (IPW): «Je travaille depuis 16 ans dans ce domaine et j’ai constaté que le diagnostic du TDAH était toujours en évolution et en partie controversé. On s’est souvent demandé ces dernières années si ce trouble psychique était surdiagnostiqué.»

Comment se développe un TDAH?

Chez les personnes atteintes de TDAH, l’équilibre des neurotransmetteurs dans le cerveau est modifié – la dopamine et la noradrénaline jouent ici un rôle particulier. Ce déséquilibre entraîne des difficultés à se concentrer et à s’auto-gérer. Selon Stephan Kupferschmid, on part en général d’une genèse bio-psychosociale. Les causes du TDAH sont hétérogènes et n’ont pas encore été entièrement élucidées. Ce sont avant tout des prédispositions génétiques ainsi que des conditions d’environnement prénatales, périnatales et postnatales qui jouent un rôle décisif.

L’hyperactivité des enfants se différencie de celle des adultes

Au début, ce trouble du comportement était typiquement attribué aux garçons. Le diagnostic du TDAH ou du TDA chez les filles était et demeure plus rare. Et ce, principalement du fait que les symptômes se manifestent souvent autrement que chez les garçons. Les filles sont plutôt rêveuses et calmes, se montrent moins impulsives et hyperactives, et se font ainsi moins remarquer. De toutes dernières études ont montré que le TDAH ne disparaît pas à l’âge de 18 ans, mais bien que diminuant pour la plupart des personnes concernées, les problèmes de concentration demeurent. «La psychiatrie des adultes s’intéresse donc aujourd’hui à ce thème», affirme Stephan Kupferschmid.

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Des médicaments comme la Ritaline contre l’hyperactivité?

Aujourd’hui, le diagnostic du TDAH est posé avec plus de prudence, moins souvent et moins rapidement. Les parents et le corps enseignant observent avec plus d’attention le comportement de l’enfant et le stress psychologique est évalué par l’enfant lui-même. Des examens psychologiques et neurologiques comme des tests de concentration viennent compléter le tableau. Des médicaments comme la Ritaline, désormais largement répandue, ne sont plus automatiquement prescrits. «Surtout lorsque les enfants sont concernés, les médicaments deviennent un sujet brûlant. Nous évaluons chaque cas de manière individuelle», déclare Stephan Kupferschmid. Certains enfants ressentaient soudain de la déprime après avoir pris de la Ritaline. «Dans ce cas, le traitement est revu et modifié le cas échéant pour écarter les effets secondaires comme des troubles de l’humeur.

La bonne nouvelle: la Ritaline est très vite éliminée par l’organisme. Et si le diagnostic de TDAH s’avère incorrect, le médicament n’a dans la plupart des cas tout simplement aucun effet et peut être directement arrêté. Par ailleurs, la prescription de préparations à base d’amphétamines  est devenue plus fréquente ces derniers temps. Elles peuvent avoir des effets secondaires comme des troubles du sommeil ou une perte d’appétit.

Pour Stephan Kupferschmid, l’utilité d’un traitement à base de médicaments l’emporte dans la plupart des cas. «Les médicaments contre le TDAH sont sûrs, ont fait l’objet d’études poussées, ne rendent pas dépendant et sont la plupart du temps bien tolérés.» Les conséquences d’une absence de traitement ne sont pas à négliger: les jeunes en particulier sont plus souvent impliqués dans des accidents de la route, ont un niveau scolaire moins bon et souvent consomment des drogues plus tard. À l’âge adulte, les divorces sont plus fréquents. Le TDAH reste un sujet de préoccupation toute la vie durant.

«On oublie trop souvent que l’hyperactivité a de nombreux côtés positifs.»

Stephan Kupferschmid, médecin-chef en psychiatrie des adolescents et jeunes adultes au service IPW

Les aspects positifs de l’hyperactivité

En plus des médicaments, on mise principalement sur la psychothérapie et le soutien pédagogique dans le milieu scolaire. L’ergothérapie donne aussi de bons résultats. Le neurofeedback aide quant à lui les enfants plus âgés à mieux se concentrer,

mais il ne vise pas la guérison. «Car on oublie trop souvent que l’hyperactivité a de nombreux côtés positifs. Les personnes concernées qui connaissent leurs forces et leurs faiblesses et sont capables d’adapter leur vie en conséquence profitent énormément de ces atouts», affirme le médecin-chef.

En effet, beaucoup sont créatives et réfléchissent à la vitesse de l’éclair, elles sont curieuses et ouvertes - surtout envers les nouvelles technologies. Elles sont moins rancunières, ont envie d’expérimenter et aiment sortir des sentiers battus. Beaucoup sont aussi capables de se plonger entièrement dans un domaine d’activité qui les fascine et correspond à leurs aptitudes. Un apprentissage ne nécessitant pas le sens de la précision dans l’exécution peut être envisagé, permettant au jeune d’exercer sa créativité. Ou encore des études qui soient en rapport avec le thème préféré et laissent du temps pour se dépenser physiquement. 

Précisons d’ailleurs que le patient le plus âgé du Docteur Kupferschmid a 60 ans. Il y a seulement dix ans qu’un TDAH a été diagnostiqué chez ce patient. «Ses tâches dans l’administration lui convenaient bien. Puis, il s’est mis à son compte et a dû alors tout organiser lui-même, ce qui a posé de gros problèmes. Le trouble est alors apparu au grand jour», raconte Stephan Kupferschmid. Trouver sa voie, cela peut être la tâche d’une vie pour les personnes atteintes de TDAH, avec happy end.

Hyperactivité – un thème familial: conseils pour les parents

  • École et parents: une collaboration étroite

    L’échange précoce avec le corps enseignant est important, car le manque d’attention et l’impulsivité ressortent nettement à l’école. «Il arrive souvent que de petits changements aient de gros effets, déclare le docteur Stephan Kupferschmid. Par exemple, laisser la petite fille rêveuse s’asseoir devant dans la classe pour que l’enseignante puisse l’interpeller régulièrement. Ou lorsque le garçon qui a des troubles de comportement se voit confier une fonction importante, ce qui lui donne confiance en lui.»

    En outre, il existe souvent de bonnes offres de soutien ciblé pour les symptômes fréquents du TDAH, comme les difficultés motrices ou les troubles de la lecture et de l’écriture, et plus tard aussi des offres de traitement pour les dépressions et les troubles anxieux qui apparaissent.

  • Règles et structure

    «Une journée structurée avec des règles et habitudes claires profite beaucoup aux enfants hyperactifs. Les rituels en famille sont une bonne chose et apportent plus de sérénité au quotidien», explique le psychothérapeute.

  • Éviter le cercle vicieux

    «Il y a un gros risque de tomber dans un cercle vicieux lorsqu’on a des enfants qui ne sont pas faciles à gérer et ne s’intègrent pas», déclare Stephan Kupferschmid.

    Or, des méthodes d’éducation punitives ne sont pas une bonne solution. On devrait au contraire se pencher davantage sur les côtés positifs de l’enfant hyperactif, notamment sa créativité et son esprit d’ouverture et le rassurer en lui disant qu’il trouvera sa voie.

  • Devenir expert-e par l’échange

    En plus des conseils d’éducation, des groupes d’entraide peuvent être utiles et aider les familles à bien gérer la situation.

    De plus amples informations sont disponibles auprès de l’organisation elpos ainsi que SFG-ADHS

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