Un égoïsme sain renforce le mental
«Ne sois pas si égoïste!» Personne n’aime ce qualificatif. Sachez toutefois qu’il est parfois important de savoir dire non et de penser avant tout à soi.
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Imaginez la situation suivante: collègue de travail pose toujours ses vacances sans vous consulter et selon le principe du «premier arrivé, premier servi». Ou bien vous aidez votre ami à déménager, vous gardez son chien et vous le soutenez en cas de chagrin d'amour. Mais il n'a pas le temps si vous avez besoin d'aide pour peindre le salon. Le verdict est clair : Pur égoïsme. Mais qu’y a-t-il de positif ou de sain à être égoïste?
Ne pas céder
Des études révèlent que les comportements égoïstes ont augmenté au cours des dernières décennies. L’égoïsme n’est pas un terme clinique; il désigne un déséquilibre entre donner et recevoir. Le Petit Robert décrit l’égoïsme comme un «attachement excessif à soi-même qui fait que l’on subordonne l’intérêt d’autrui à son propre intérêt»: une personne égoïste cherche à obtenir des avantages pour elle-même, sans se soucier des autres. Solidarité et empathie sont deux notions complètement inconnues des égoïstes.
Il n’est pas souhaitable de chercher à agir par «pur égoïsme». Mais le contraire ne l’est pas non plus. Si une personne agit toujours de manière altruiste, dit toujours oui alors qu’elle pense non et si elle fait passer ses besoins après ceux des autres pour ne décevoir personne, son comportement n’est pas sain. Dans son livre «Eigensinn» (NdT: entêtement en français), la psychologue Ursula Nuber affirme qu’il ne faut pas se conformer aux prétendus souhaits d’autrui. Chacun doit conférer un sens à sa vie pour en retirer toute la «saveur». Faire preuve d’entêtement, c’est défendre ses droits et ses intérêts. Mais sans pour autant blesser les autres.
Serait-ce là la clé d’une bonne santé psychique?
Nuber est convaincu que l'obstination ou, en d'autres termes, un "égoïsme sain" est une clé importante pour la santé mentale : "Les (...) se posent rarement des questions préoccupantes telles que : que pensent les autres de moi ? (...) (...) Elles sont en paix avec elles-mêmes; leur système immunitaire psychique demeure intact.» En revanche, il existe un risque réel de burn-out chez les personnes qui ont du mal à prendre leurs distances et sont très engagées. En outre, comparer constamment aux autres, tolérer trop de choses, ne pas se fixer de limites et agir par sentiment du devoir sont autant d’attitudes qui peuvent aussi provoquer un burn-out. C’est ce qu’attestent plusieurs études.
La devise «Toujours plus vite, toujours plus loin, toujours plus haut» est une invitation à se dépasser qui est encore bien présente dans notre société. Selon le Job Stress Index 2020, seul un quart des personnes interrogées se trouvent dans une zone favorable où ressources et contraintes sont à l’équilibre. Les autres ont à peu près autant de ressources que de contraintes ou l’impression d’avoir plus de contraintes que de ressources. «Dans cette vision du monde, être bon envers soi-même renvoie davantage à la notion de bien-être qu’à celle de sollicitude», souligne Felizitas Ambauen, psychothérapeute, dans un article du Tagesanzeiger.
Prendre soin de soi n’est pas égoïste
Felizitas Ambauen met toutefois en garde les gens qui ne prennent pas soin d’eux: «Si on ne prend pas suffisamment soin de soi, on tombe tôt ou tard malade. Et cela a des conséquences négatives sur les relations que nous entretenons avec les autres. Il faut d’abord savoir s’occuper de soi pour, à long terme, être là pour les autres. On peut faire un parallèle avec les masques à oxygène dans les avions.» La logique est simple: seule une personne qui a suffisamment d’énergie est capable de s’occuper des autres: de ses enfants, sa famille, ses amis et ses collègues de bureau.
Mais pour cela, il faut apprendre à dire non. Ou tout simplement : être un peu plus égoïste. Refuser de prendre le café avec la voisine quand on n’en a pas envie. Ne pas nettoyer les vitres de l’appartement même si elles en auraient bien besoin. Refuser de prendre un verre après le travail même si les collègues insistent.
Apprendre à dire non
Il n’est pas toujours facile d’assumer ses propres opinions et de dire non de temps en temps. Comment s’y prendre sans blesser l’autre personne?
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Formules d'atténuation
«Peut-être», «je vais voir» et «éventuellement» suscitent de faux espoirs. Ayez le courage de vos opinions! Et osez dire non.
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Proposer une alternative
Dites d’abord quelque chose de positif, refusez puis faites une autre proposition: «Je te remercie de l’invitation. Cette semaine malheureusement, je suis prise. La semaine prochaine, nous pouvons volontiers nous rencontrer pour déjeuner". Mais : si vous ne souhaitez pas d'alternative, dites non. Sans vous justifier.
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Prendre son temps
- Vous ne savez pas si vous pouvez et souhaitez accepter le rendez-vous? Laissez passer la nuit. Vous aurez ainsi le temps de vous demander ce que vous voulez vraiment et de réfléchir à l’importance du rendez-vous ou de la demande.
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Maintenir la réponse
Même si l’autre personne essaie de vous faire changer d’avis, vous ne devez pas avoir mauvaise conscience.
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Ne pas dire oui automatiquement
- En groupe, ne dites pas automatiquement oui. Demandez-vous plutôt ce que vous voulez vraiment.
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C’est en forgeant que l’on devient forgeron
Entraînez vos «muscles du non» dans des situations simples. Dites simplement non à une demande que vous pourriez satisfaire. Par exemple lorsqu’un collègue de travail vous demande si vous mangez vous aussi à la cafétéria alors que vous n’aimez pas les plats qui y sont servis.