Spielerisch gesund werden

«Hou, ça secoue vraiment!»: totalement concentrée, une femme de 73 ans se tient debout, les deux pieds sur une petite plateforme ronde qui s’incline au moindre déplacement de son centre de gravité. Sur le côté, en avant et en arrière. La septuagénaire doit mobiliser son équilibre et être à l’écoute de ses sensations corporelles pour se maintenir au centre de la plateforme, de manière à ce que celle-ci reste aussi horizontale que possible.

Elle peut contrôler elle-même ses performances sur le petit écran du système «Prokin B». Tous ses mouvements et écarts par rapport au «juste milieu» sont mesurés et documentés. Visiblement, c’est amusant: la femme éclate de rire quand elle sent à nouveau ses semelles vibrer après un vacillement, mais ne s’avoue pas vaincue. «J’y arrive!»

Un cours de gym pour seniors dans une maison de retraite? Pas vraiment: nous sommes à l’hôpital universitaire Balgrist, plus précisément au Centre de prévention et de médecine du sport. À trois mètres à peine de la dame d’un certain âge, un jeune sportif de haut niveau aux biceps impressionnants est à l’œuvre.

Avec son grand écran, sa machine d’entraînement donne l’impression d’être dans une salle de jeu. Mais le jeune athlète doit, lui aussi, jouer sur la pression de ses pieds et les transferts de poids: en appui sur deux grandes pédales, il dirige à l’écran un pingouin sur une piste de ski. La vitesse et la trajectoire sont uniquement déterminées par la force et la coordination des muscles de ses jambes.

Ces deux personnes pratiquent des exercices basés sur des jeux vidéo pour entraîner leur corps et aiguiser leurs réactions. C’est ce qu’on appelle l’«exergaming». Les premiers prototypes mêlant jeu vidéo et exercice physique ont été commercialisés par Nintendo dès les années 1980. Aujourd’hui, l’exergaming sur des appareils de pointe, à l’image des systèmes «Prokin» ou «Allegro», trouve des applications dans les domaines de la promotion de la santé, du sport de haut niveau et de la remise en forme.

L’exergaming se distingue pourtant de l’e-sport, explique  Johannes Scherr, médecin-chef et directeur du Centre de prévention et de médecine du sport de l’hôpital universitaire Balgrist: «Dans l’e-sport, les mouvements se limitent aux doigts et à quelques groupes de muscles. L’exergaming, en revanche, mobilise des facultés motrices précisément associées aux fonctions cognitives requises par le jeu.»

C’est cette association qui fait l’intérêt de la méthode, aussi bien à titre thérapeutique que préventif. «L’exercice d’équilibre sur la plateforme est efficace pour réduire le risque de chute chez les personnes âgées, tout en renforçant les capacités motrices dont elles ont besoin au quotidien», souligne le médecin. «Les personnes souffrant de troubles de l’équilibre trouvent une nouvelle motivation et obtiennent des résultats bluffants avec l’exergaming.»

Ce mariage du jeu vidéo avec des exercices de coordination physique et de renforcement musculaire est de plus en plus prisé par les personnes de tous âges. Le programme avec le pingouin sur la piste de ski est utilisé par les athlètes de haut niveau pour optimiser leurs performances en compétition, mais aussi pour retrouver et travailler des capacités spécifiques après une blessure ou une opération. «Il permet, par exemple, d’accélérer la régénération de ligaments endommagés ou du tendon de la rotule», explique Johannes Scherr en évoquant divers cas, y compris dans le monde du sport.

Exergaming est également de plus en plus utilisé à des fins purement préventives pour le développement de la forme et des muscles, pour ainsi dire comme un gymnase avec un facteur de plaisir accru. "Les abonnements de 10 ou 20 séances font l'objet d'une demande intensive chez nous", observe le médecin-chef.
Les sportifs amateurs de longue date lui expliquent l'intégration d'Exergaming dans leurs activités par un Je veux de nouveaux stimuli pour l'entraînement.

Malgré de grandes difficultés, la septuagénaire semble, elle aussi, animée par la volonté irrésistible de retrouver l’équilibre parfait sur la plateforme «Prokin B». Au bout de 20 minutes, son instructeur doit la faire descendre de l’appareil pour s’accorder une pause. À côté, le pingouin vient de franchir à toute vitesse la ligne d’arrivée.