Maison intergénérationnelle : jamais seul

A Winterthour, 350 personnes vivent dans une maison intergénérationnelle autogérée. Trois d'entre eux racontent comment cela fonctionne.

Texte: Barbara Lukesch

Images: Marco Rosasco

4 mn

23.09.2019

Lorsque vous entrez dans la cour intérieure, vous vous retrouvez instantanément dans votre propre monde. L’immense zone, entourée de maisons suédoises en bois rouge de six étages, est divisée en trois zones: la «place du village» avec une fontaine en chêne faite maison qui, les jours de canicule, se transforme en une piscine pour petits et grands; une aire de jeux pour les enfants avec un bateau en bois, un voile d’ombrage et un bac à sable. En outre, il y a un point de rencontre pour tous les autres pour se détendre avec une longue table et une pergola ombragée. Les arbres poussent partout; nous avons des pommes, des figues, des roses, de la salade dans le potager des enfants: une véritable oasis.

Hans Suter salue deux femmes qui décorent le sol de pierre à la craie avec quelques mômes et quelques filles qui profitent de leur après-midi libre. On connaît bien le grand homme à la casquette beige et à la queue de cheval blanche. L’homme de 72 ans se décrit lui-même comme l’instigateur du projet. Avec sa femme et sa fille, l’architecte avait déjà vécu dans un village similaire dans le Toggenbourg, bien que le village était beaucoup plus petit. Alors que la vie familiale touchait à sa fin, il était déterminé de s’installer à Winterthour, ville qu’il a toujours apprécié. C’est une personne qui a besoin de tranquillité, mais aussi de la compagnie d’amis et de connaissances avec qui il veut «entreprendre quelque chose», nous raconte-t-il dans son atelier de la Ida-Sträuli-Strasse.

Un projet XXL coûteux

Suter a finalement trouvé un environnement approprié dans l’ancienne «fonderie», où il a pu réaliser sa vision d’une maison intergénérationnelle. Un projet géant qui a coûté plus de 83 millions de francs et qui n’a pu être réalisé qu’avec l’aide de la Genossenschaft selbstverwaltetes Wohnen (Gesewo). La maison intergénérationnelle accueille plus de 350 personnes dans 150 appartements répartis sur 11 000 mètres carrés. En outre, elle comprend plusieurs pièces communes, telles qu’une salle dans laquelle ont lieu les fêtes et les réunions de membres, trois ateliers et plusieurs espaces qui permettent aux membres de passer du bon temps ensemble.

««Nous avons de suite été séduits par l’endroit.»»

Christian Schaad

Les premiers locataires ont emménagé en 2013. Aujourd’hui, il peut arriver que les personnes intéressées doivent attendre plus de deux ans avant qu’un appartement se libère.

Christian Schaad, sa partenaire, Franziska von Grünigen et leurs deux enfants sont membres depuis trois ans. La famille avait vécu à Winterthour et s’était accidentellement rendue dans la cour intérieure de la «fonderie» lors d’une sortie: «Nous avons immédiatement ressenti l’incroyable énergie qui y régnait et nous nous sommes sentis comme attirés par ce lieu, explique l’enseignant et propriétaire indépendant d’équipement cinématographique. Pour Christian, une belle expérience. Lorsque la famille a voulu déménager en 2016, elle a appris qu’un appartement de six pièces et demie était libre dans l’ancienne fonderie. Au prix de 2670 francs par mois, charges comprises, plus un prêt obligatoire de 86 000 francs suisses, la famille a décidé de se lancer.

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Heures obligatoires pour le bien-être commun

La famille répondait aux critères d’admission de la maison intergénérationnelle mentionnées dans le catalogue correspondant. Alors âgés de 38 et 45 ans, le couple et leurs deux enfants étaient les bienvenus dans le grand appartement. En outre, ils n’avaient pas de voiture et, très important, les parents étaient prêts à fournir près de 30 heures obligatoires par an pour le bien-être de la communauté. Christian Schaad, par exemple, s’engage dans le domaine culturel et s’occupe du site web ainsi que du calendrier culturel. D’autres sont responsables des pièces communes ou nettoient l’escalier. Ceux qui sont malades pendant une période prolongée ou qui ont trop de travail peuvent s’affranchir de leurs obligations en versant un montant de vingt francs par heure de travail. L’argent est versé dans la caisse de la communauté.

Échanges bienvenus

Christian Schaad ne peut pas s’imaginer vivre dans une maison traditionnelle: «Aujourd’hui, je trouve absurde cette idée de posséder chacun son propre jardin.» Pour lui, cela empêche de créer tout contact. «Chez nous, les balcons ne sont pas seulement libres de cloisons, ils sont délibérément reliés les uns aux autres et favorisent ainsi un véritable échange.» Il apprécie également la coexistence des différentes générations. Il montre du doigt Isabelle Sorbé, qui termine sa ronde et nous raconte: «Je me souviens que mes enfants ont planté de la salade avec Isabelle l’été dernier.»

La résidente de 69 ans nous explique que Christian l’aide lorsqu’elle a un problème avec son ordinateur. En contrepartie, elle passe volontiers du temps avec ses enfants. «Ici, j’apprécie la solidarité entre les habitants. Les gens peuvent facilement s’intégrer. Nous avons 20 nationalités différentes et tout le monde s’entend bien.» Pour y parvenir, nous organisons des fêtes durant lesquelles les personnes peuvent cuisiner les spécialités de leur pays.

 

Vidéo : la vie dans une fonderie

Un «village avec des gens ordinaires»

Christian Schaad évoque le lotissement, qui comprend entre autres une crèche, un bistrot et un cabinet de groupe, comme "un village avec des gens tout à fait normaux, qui règlent parfois des conflits, mais qui ont la ferme volonté de vivre en communauté et de partager beaucoup de choses ensemble". Sa partenaire et lui apprécient ainsi les deux chats familiaux Whatsapp, où tout est négocié, des couches qui viennent de manquer au déjeuner Piccolini avec les plus petits. Hans Suter approuve: "Chez nous vivent des personnes ouvertes, très communicatives et socialement engagées, et - peut-être une conséquence de ce mélange - nettement plus de femmes (60%)".

Mais même ces personnes ont parfois besoin d’intimité et de la possibilité de se retirer. Isabelle Sorbé hoche la tête. Après une maladie il y a deux ans, elle avait ressenti le besoin pendant quelques mois de passer plus de temps pour elle seule: «ça n’a pas du tout été un problème», explique-t-elle en rigolant. «Toutefois, j’avais parfois mauvaise conscience.» «En effet, dans une telle communauté, il y a une certaine pression de groupe. On ne peut pas le nier. » Les deux hommes relativisent son propos en soulignant que ceci est toujours une question de perception personnelle: «Isabelle, personne ne t’en a voulu d’avoir été moins présente à l’époque.»

Bien entendu, un  projet d’autogestion comme celui-ci ne fonctionne que si un grand nombre d’électeurs participent aux discussions, nous explique Christian Schaad. Il est important de s’organiser en groupes et d’assister aux six réunions de membres organisées chaque année. Ils sont plus que satisfaits, car il y a en moyenne 100 participants, ce qui correspond aux deux cinquièmes des électeurs: «Cela indique d’une grande partie de nos résidents est actif.»

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