Digital – la tentation dangereuse

Si le monde virtuel devient un substitut aux expériences et aux contacts sociaux réels, la santé peut être en jeu. Quelques points à respecter.

Texte: Sanitas

Images: Unsplash

4 mn

19.06.2019

Dévaler la montagne à vélo, plonger la tête la première dans l'eau, saisir des mouvements cool sur une planche ou simplement traîner tranquillement avec des collègues - tout cela et bien plus encore est aujourd'hui possible très facilement et sans avoir à bouger le moindre doigt : par exemple à travers l'œil de la caméra des films YouTube, en jouant et en chattant. L’univers numérique propose une foule d’offres séduisantes aux jeunes qui les incitent à vivre des expériences virtuelles plutôt que réelles.

Risques pour la santé liés à la surutilisation des médias Digital

L’utilisation des écrans par les enfants et les adolescents est de plus en plus répandue. Le smartphone arrive en tête, suivi par le téléviseur. En Suisse, plus de 50% des enfants de 6 à 13 ans possèdent un téléphone portable. Chez les adolescents, ce pourcentage avoisine les 100%. Ils sont en effet 97% à avoir un smartphone avec une connexion à internet.

C’est ce que révèle l’étude JAMES (jeunes - activités - médias - enquête suisse) menée en 2016. Aujourd’hui, les jeunes passent 30 minutes de plus sur internet qu’en 2010, année de la première étude JAMES.

En semaine, ils surfent en moyenne pendant 2 heures et 30 minutes, contre 3 heures et 40 minutes pendant le week-end. 20% des adolescents utilisent leur téléphone portable encore plus souvent.

8% d’entre eux sont tellement impliqués dans l’univers numérique qu’ils en sont dépendants. Plus l’utilisation est fréquente, plus les risques sur la santé psychique et physique des jeunes augmentent.

Des besoins virtuellement satisfaits : comment les médias influencent la vie

Le temps que passent les jeunes sur les médias numériques se fait au détriment des activités et des contacts sociaux dans le monde réel. Par ailleurs, le sommeil et les devoirs scolaires en pâtissent. L’univers numérique occupe une place prédominante dans leur vie: il remplace la chambre, le terrain de football, la forêt et autres lieux de rencontre en proposant un espace virtuel destiné à combattre l’ennui, la frustration, la colère et l’excitation sexuelle.

«La vraie vie paraît inintéressante; se divertir, appartenir à un groupe, effectuer des missions et relever des défis sont autant de besoins qui sont assouvis dans le monde virtuel», souligne le docteur Christoph Möller*, pédopsychiatre. Et d’ajouter: «L’inconvénient, c’est que les jeunes n’apprennent pas à canaliser leurs émotions au sein d’un environnement social naturel, ils gèrent leurs affects par le biais d’un appareil. Si le processus d’apprentissage se fait dans la vraie vie et que cette dernière suscite des intérêts, le risque d’addiction à ces appareils diminue considérablement.»

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Moins d’empathie et d’imagination, plus de poids

Selon Christoph Möller, les jeunes sont susceptibles de ne plus ressentir d’empathie, voire de ne jamais développer ce sentiment, à cause d’une utilisation intensive des médias. Ils ont des difficultés à identifier les sentiments et les émotions d’autrui et à construire une relation. «L’imagination ne se développe plus. Les jeunes n’en ont plus besoin, car ils réagissent en permanence à des images prédéfinies – ce qui n’est pas le cas de la lecture.»

L’utilisation fréquente des médias numériques peut également avoir des conséquences sur le physique. Le psychiatre s’occupe de jeunes qui, obnubilés par internet, oublient certains besoins essentiels, comme manger et boire, ou négligent leur hygiène. D’autres se nourrissent mal et ont des problèmes de poids, car ils mangent trop vite et privilégient le côté pratique au côté sain.

«Il en résulte également un manque d'imagination et de fantaisie.»

Prof. Dr. Christoph Möller

Dépendance numérique: une addiction lourde de conséquences

Plus les médias numériques occupent une place importante dans la vie d’un jeune, plus il lui est difficile de se déconnecter. Selon Christoph Möller, la peur de rater quelque chose ou encore le sentiment de se divertir mieux sur le réseau et de s’exprimer mieux qu’en dehors de celui-ci peut engendrer un comportement addictif.

Et qui dit dépendance, dit tôt ou tard sevrage. «Les symptômes d’une addiction à internet et aux jeux sont similaires à ceux de la toxicomanie et de l’alcoolisme: rythme cardiaque élevé, sueurs froides, voire troubles du sommeil.»

«La compétence en matière de médias commence par l’abstinence»

Le psychiatre recommande aux parents d’initier leurs enfants aux médias une fois que ces derniers ont acquis les compétences suivantes: autocontrôle, gestion de la frustration, empathie, communication avec autrui, envie d’apprendre, capacité à s’enthousiasmer, plaisir du jeu.

Certains enfants développent ses aptitudes plus tôt que d’autres. Les parents connaissent leurs enfants et connaissent généralement leur capacité à communiquer. Ils sentent si leurs enfants savent gérer la frustration et se contrôler eux-mêmes. Ils savent si leurs enfants sont empathiques ou s’ils s’identifient encore fortement à eux-mêmes, s’ils peuvent s’enthousiasmer à l’idée d’apprendre et de vivre des expériences dans le monde réel.

«La compétence en matière de médias commence par l’abstinence», affirme Christoph Möller. "Car c'est dans le monde réel que j'apprends comment trouver un sens à ma vie et comment évaluer les comportements et les informations - pas pour moi seul sur un écran". Les enfants peuvent donc apprendre à utiliser les médias Digital de manière appropriée et judicieuse : pas trop souvent, pas trop longtemps, pas comme un substitut au monde réel. Ils ont toutefois besoin d’aide pour y parvenir, et ce indépendamment de leur âge.

Conseils relatifs à la compétence en matière de médias

Addiction Suisse  a établi une liste de conseils à l’intention des parents et des pédagogues:

  • Parlez avec votre enfant des expériences qu’il fait avec les médias numériques, demandez-lui de vous montrer les applis, les jeux sur l’ordinateur, ses activités en ligne et ses sites préférés. Essayez de comprendre pourquoi il les utilise.
  • Établir des règles adaptées à l'âge concernant le temps d'utilisation  (Vous trouverez des conseils à ce sujet dans lalettre aux parents  et dans leguide   d'Addiction Suisse ou sur le portail des parents de Jeunesse et Médias).
  • Montrez l’exemple: les parents et les pédagogues doivent porter un regard critique sur leurs propres habitudes en matière de médias et, le cas échéant, les modifier. Télévision, ordinateur et console de jeux n’ont rien à faire dans la chambre d’enfant. Installez ces appareils dans une pièce commune. Il en va de même pour le smartphone à partir d’une certaine heure le soir.
  • Interdire ou autoriser l’utilisation des écrans ne doit pas être synonyme de récompense ou de punition, ce qui renforcerait son importance.
  • Veillez à ce que vos enfants fassent suffisamment d’expériences dans le monde réel: faire du patin à glace, aller à la piscine ou au cinéma. C’est également valable pour les adolescents.
Portrait de l’expert

Le Médecin-chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, de psychothérapie et de psychosomatique au centre Auf der Bult à Hanovre.

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