Dyslalie : pourquoi les parents devraient écouter tôt

Ils se comprennent aveuglément et silencieusement : Les parents et leurs enfants en bas âge se comprennent intuitivement et se connaissent si bien qu’ils développent souvent leur propre langage. Un enfant qui n’utilise pas correctement les sons ou les omet complètement obtiendra quand même ce qu’il veut.

Mais lorsque son monde s’élargit et qu’il commence à interagir avec d’autres personnes, un trouble de la prononciation peut devenir un problème devant être examiné par un logopédiste. 

La dyslalie désigne différents troubles de la communication chez les enfants et les adolescents, comme le bégaiement ou le zézaiement. Ce terme générique n’est plus guère utilisé aujourd’hui. Au lieu de cela, on parle plutôt de «trouble de la prononciation ou de l’articulation».

En logopédie, on distingue deux types de dyslalie: les troubles dans les domaines phonétique et phonologique. Le zézaiement, par exemple, fait partie du type phonétique de la dyslalie. Dans ce cas, certains sons, comme le «j» ou le «ch», ne sont pas formés correctement. Le «jardin d’enfants» devient le «zardin d’enfants», un «chien» devient un «sien».

En cas de trouble phonologique, les sons sont formés correctement, mais ne sont pas utilisés convenablement.
peuvent être appliquées. Les enfants les laissent de côté ou les remplacent par d'autres
Les sons : "pot" devient par exemple "tête". Le mot "diable" devient "keufel".
la "roue verte" devient la "glüne Lad".

Ces deux troubles du langage peuvent apparaître de manière isolée, simultanée, être légers ou sévères. Parfois, un seul son est affecté, parfois tellement que l’on ne comprend presque plus l’enfant. 

Certains enfants ont des problèmes d’audition et ne savent donc pas comment les sons doivent être prononcés correctement. D'autres ont des problèmes de musculature buccale. souffrent de malformation labiale, d’anomalie de la mâchoire, des dents ou ne distinguent pas bien les sons qui se ressemblent.

Un environnement familial difficile, un retard de développement ou un handicap peuvent également être à l’origine des troubles du langage. 

On parle d’ailleurs généralement de troubles de l’articulation chez les enfants âgés de 4 à 6 ans. Ils représentent environ 14% des cas. Edith Volmer, vice-présidente de l’Association des logopédistes de Suisse alémanique (DLV): «Les dyslalies ainsi que les troubles du développement du langage en général devraient être détectés et pris en main de préférence avant le jardin d’enfants, afin de ne pas perdre un temps précieux jusqu’à l’âge de la scolarisation».

Pour les parents, il s'agit donc d'écouter. Et se demander : "Est-ce que mon enfant est mal compris par les autres enfants sur l'aire de jeux ?" Ou bien «Les enfants du même âge prononcent-ils les mots et les syllabes différemment?» "L'enfant ne comprend-il pas ce que disent les autres enfants ?" Il est pourtant clair et tout à fait normal qu'un enfant ne forme pas directement tous les sons correctement lorsqu'il apprend à parler.

Sans oublier que chaque enfant a son propre rythme pour apprendre à parler. Il existe néanmoins des valeurs de référence pour les parents: entre 18 et 24 mois, les jeunes enfants devraient déjà posséder et utiliser un vocabulaire de 50 mots.

C’est à cet âge également que les enfants commencent à combiner des mots, ils disent par exemple «maman travail» ou Dans l’ensemble, un enfant qui se développe normalement est bien compris par les autres à 4 ans et parle correctement à 6 ans.

Edith Volmer conseille "Dès que les parents commencent à s'inquiéter ou sont interpellés par les personnes qui s'occupent d'eux, ils doivent absolument s'adresser à un(e) orthophoniste", tout en sachant qu'il n'est pas nécessaire de passer par un(e) pédiatre. Au contraire : "Malheureusement, il y a encore des médecins qui attendent avant d'agir. D’un point de vue logopédique, cela n’a pas de sens, car une thérapie précoce a une influence positive sur le développement du langage».

«Les parents peuvent eux-mêmes être actifs pour favoriser le développement général du langage de leur enfant, préconise Edith Volmer. En interagissant, parlant et jouant ensemble.» Le développement du langage et le développement du jeu sont, en effet, étroitement liés.

En revanche, lorsqu’ils passent du temps devant un écran ou écoutent un livre audio, la composante sociale du langage fait défaut: «Les enfants doivent apprendre qu’ils peuvent exprimer ce qu’ils veulent et qu’ils sont entendus grâce au langage». Lorsque vous faites la lecture à votre enfant, laissez-le prendre la parole: «Il est important de faire preuve de souplesse et d'être à l'écoute de son enfant. Il faut le laisser s'exprimer et lui montrer des choses sur les images.»

Les parents dont une dyslalie est diagnostiquée chez leur enfant ne devraient pas faire une fixation sur cette question et corriger constamment l’enfant. «Cela crée une pression inutile», affirme la logopédiste.

Si votre enfant demande: «Maman, ze peux aller au zardin?»,répétez correctement les mots: «Je veux bien que tu ailles au jardin.» Dans le jargon médical, cela s’appelle donner un retour correctif. L’enfant lui-même ne doit pas répéter le mot correctement. Entendre celui-ci suffit.

Si les enfants ne sont pas pris en charge correctement en cas de troubles complexes de l’articulation et du développement du langage, ils seront mal compris, n’arriveront pas à exprimer clairement ce qu’ils veulent ni à se défendre verbalement de manière appropriée. «Certains s’isolent ou commencent à taper les autres. Les problèmes s’aggravent à l’école, où la langue est déterminante pour la réussite dans presque tous les domaines, avertit Edith Volmer.

Lorsque l’enfant commence à apprendre à écrire alors qu’il est encore occupé à articuler, cela lui demande beaucoup d’énergie. Trouver les lettres correctes deviennent alors un jeu  de devinettes.» Il ne faut pas oublier que même si la dyslalie est surmontée, l’enfant doit d’abord apprendre à s’affirmer – précisément par le langage. Ce processus devrait être achevé avant la rentrée scolaire. Par conséquent, plus la thérapie logopédique est commencée tôt, mieux c'est. 

Heureusement, les troubles de l’articulation sont souvent détectés et traités correctement, car une mauvaise prononciation se remarque tôt ou tard. À l’âge adulte, peu de personnes souffrent encore de dyslalie.

L'orthophoniste fait toutefois remarquer que «La dyslalie ne concerne qu’un très petit domaine de la communication. Il ne s’agit souvent que de la prononciation. D’autres troubles du développement, qui se traduisent par un vocabulaire restreint, un manque de compréhension du langage et une grammaire incorrecte, limiteront davantage les enfants et les adolescents dans leur vie quotidienne», précise la logopédiste.