Maladie de Crohn: symptômes et traitement
Des poussées se traduisant par des crampes abdominales et de la diarrhée rythment la vie des malades. Bien que la maladie de Crohn soit incurable, il est possible de la stabiliser.

Spasmes abdominaux, diarrhée accompagnée d’un écoulement de sang, grande fatigue et fièvre: les symptômes de la maladie de Crohn, qui apparaissent souvent par poussées, accompagnent généralement les personnes touchées tout au long de leur vie.
Car il s’agit d’une maladie chronique et incurable, dont les causes restent inconnues. Dans la plupart des cas néanmoins, un mode de vie sain et un suivi médical permettent de contrôler les symptômes et d’améliorer la qualité de vie.
Qu’est-ce que la maladie de Crohn?
La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin qui peut toucher l’ensemble du tube digestif, de la bouche à l’anus. Le plus souvent, l’inflammation se produit à la jonction de l’intestin grêle et du côlon. La maladie se manifeste le plus souvent par poussées (douleurs abdominales, diarrhée, fatigue et fièvre), suivies par des périodes sans symptômes, appelées rémissions. Les foyers d’inflammation se développent généralement dans plusieurs régions de l’intestin, qui présente une alternance de zones saines et de zones enflammées.
Vidéo: un médecin explique la maladie de Crohn
Différences avec la colite ulcéreuse
La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse constituent les maladies inflammatoires chroniques les plus fréquentes de l’intestin. Bien qu’elles présentent des symptômes similaires (diarrhée et douleurs abdominales), il ne faut pas les confondre. Alors que la maladie de Crohn peut affecter l’ensemble du tube digestif, la colite ulcéreuse implique exclusivement le gros intestin. Par ailleurs, l’inflammation due à la maladie de Crohn peut toucher toutes les couches de la paroi intestinale. La colite ulcéreuse, elle, enflamme uniquement la muqueuse, c’est-à-dire la couche supérieure de la paroi intestinale, ce qui provoque des diarrhées avec la présence de glaires et de sang. Autre différence: la colite ulcéreuse évolue souvent de manière plus régulière et l’intestin ne présente pas de foyers d’inflammation épars.
Selon l’hôpital cantonal de Zurich, si seul le gros intestin est enflammé, même les médecins les plus chevronnés ne sont pas toujours capables de distinguer de prime abord une colite ulcéreuse de la maladie de Crohn. Il faut parfois observer l’évolution de la maladie avant de pouvoir poser un diagnostic. Mais dans certains cas, cela n’est d’aucune aide.
Fréquence, sexe et âge: quelles sont les personnes touchées par la maladie de Crohn?
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont relativement fréquentes en Suisse. L’hôpital universitaire de Zurich estime qu’une personne sur 350 en souffre, ce qui représente plus de 25 000 cas à l’échelle du pays. Il semblerait que le sexe ne joue aucun rôle. Et l’âge? La maladie de Crohn peut se déclarer à n’importe quel âge. La plupart du temps toutefois, elle apparaît entre 14 et 34 ans.
Causes: comment se développe la maladie de Crohn?
La maladie de Crohn reste une énigme pour le corps médical, qui n’en connaît pas l’origine. Ce qui est certain, c’est qu’elle n’est pas contagieuse. On suppose qu’elle est déclenchée par un ensemble de facteurs, dont la génétique et l’environnement.
Facteurs de risque
Certains facteurs pourraient favoriser l’apparition de la maladie de Crohn ou l’aggraver.
- Les prédispositions génétiques jouent probablement un rôle, car la maladie est plus fréquente dans certaines familles.
- Les facteurs environnementaux, inhérents à notre mode de vie occidental, favoriseraient aussi son apparition. C’est ce que suggère le nombre de cas en augmentation dans les pays industrialisés au cours des cinquante dernières années et qui touche désormais la Chine ou l’Indonésie.
- Selon l’hôpital universitaire de Zurich, de récentes recherches indiquent aussi qu’une flore intestinale perturbée pourrait être liée à la maladie de Crohn.
- Il est également probable que la muqueuse intestinale, qui empêche les bactéries de l’intestin de pénétrer dans la paroi intestinale, soit fragilisée et ne joue plus pleinement son rôle de barrière. Le passage des bactéries provoque alors de fortes réactions immunitaires dans la paroi intestinale. Car, toujours selon l’hôpital universitaire de Zurich, l’organisme considère les bactéries comme dangereuses, même si, au fond, elles sont inoffensives. Le corps active alors des cellules inflammatoires pour se défendre, ce qui entraîne une inflammation intestinale.
- Un traitement à base d’antibiotiques pris pendant l’enfance ou l’adolescence pourrait aussi être liée à la maladie de Crohn.
- Le tabagisme est un facteur de risque et peut aggraver l’évolution de la maladie.
- Une charge mentale élevée, à savoir le stress chronique et les conflits, a un effet négatif sur l’évolution de la maladie (une fois qu’elle est déclarée).
Symptômes
Les symptômes de la maladie de Crohn sont variés et dépendent des parties du tube digestif qui sont touchées. En général, les personnes se plaignent de:
- Douleurs abdominales: situées dans la partie inférieure droite de l’abdomen, elles peuvent être accompagnées de spasmes.
- Diarrhée chronique: avec, parfois, un écoulement de sang ou de glaire.
- Perte d’appétit
- Amaigrissement et carences: la diarrhée est responsable d’une perte de poids, même si la personne mange suffisamment. Une anémie par carence en fer et en vitamine B12 peut aussi apparaître.
- Fatigue et épuisement: les inflammations affectent l’organisme dans son ensemble.
- Sentiment d’être malade
- Fièvre
Complications
Une évolution grave de la maladie entraîne un risque de complications, comme des fistules, des abcès ou des sténoses, qui peuvent se traduire par une occlusion intestinale. D’autres maladies peuvent s’associer à la maladie de Crohn: douleurs articulaires, lésions cutanées, inflammations de l’œil ou du foie, calculs rénaux.
Est-il possible de prévenir la maladie de Crohn?
Les causes de la maladie n’étant pas connues, il n’existe pas de mesures de prévention directe. Un mode de vie sain, alliant une alimentation équilibrée, l’absence de tabagisme et la réduction du stress, peut contribuer à réduire le risque de poussées et à améliorer la qualité de vie. À l’apparition de certains symptômes, tels qu’une diarrhée persistante, des douleurs abdominales ou une perte de poids, il faut rapidement consulter un médecin. Si la maladie est détectée à un stade précoce, elle pourra être mieux traitée tandis que le risque de séquelles et de complications diminuera.
Dépistage précoce et contrôle en raison des risques de cancer du côlon
Il est essentiel de dépister suffisamment tôt la maladie de Crohn et de procéder à des contrôles réguliers, car les personnes touchées ont un risque accru de développer un cancer de l’intestin.
Diagnostic de la maladie de Crohn
Le diagnostic se fait sur la base des symptômes et au moyen d’examens, comme une coloscopie, une endoscopie par capsule, une radiographie de l’intestin, une analyse d’un échantillon de selles pour détecter les bactéries et exclure d’autres pathologies ainsi que des prélèvements sanguins pour rechercher les syndromes inflammatoires et une anémie.
Traitement de la maladie de Crohn
Le traitement médicamenteux de la maladie permet de freiner les inflammations et de diminuer l’activité du système immunitaire. Le recours à la chirurgie est nécessaire en cas de perforation de l’intestin, d’occlusion intestinale, d’abcès ou de formation de fistules. Étant donné que la maladie pèse sur l’état psychologique des patient-es et que ces personnes doivent apprendre à vivre avec elle, la psychothérapie et les groupes de discussion peuvent les aider à améliorer leur qualité de vie.
Lorsque la phase aiguë est accompagnée de fièvre, il est important de rester au lit et de s’hydrater beaucoup. Pour éviter toute carence, on peut opter pour une supplémentation en fer et des vitamines.
Dans tous les cas, traitement et alimentation vont de pair pour soulager la digestion et prévenir les carences.
Veiller à avoir une alimentation adéquate
L’alimentation joue un rôle important et doit être adaptée à chaque phase de la maladie.
- En période de crise aiguë, lorsque les inflammations sont particulièrement fortes, il faut privilégier les aliments faciles à digérer, comme les produits diététiques et les purées. Tout ce qui est susceptible d’irriter l’intestin – plats très épicés, transformés, sucrés, gras ou riches en fibres – est à proscrire. Le recours à la nutrition artificielle par sonde s’avère parfois nécessaire. Une fois que la poussée a disparu, il faut revenir progressivement à une alimentation normale.
- Après une poussée, il est important d’avoir une alimentation équilibrée afin de fournir tous les nutriments nécessaires à l’organisme: on commence par les glucides, puis on réintroduit les protéines et les graisses saines. Il est recommandé de consommer des produits laitiers pauvres en matières grasses et de la viande maigre, du pain complet, des pommes de terre, des pâtes et des légumes bien tolérés comme les carottes, les tomates ou le fenouil. Il est également possible de remettre progressivement les fruits et la salade au menu.
Les aliments bien tolérés varient d’un individu à l’autre. Mieux vaut se tourner vers un-e nutritionniste pour établir ses menus.
Pronostic: comment évolue la maladie?
L’évolution de la maladie de Crohn, qui est incurable, varie fortement d’un individu à l’autre. L’objectif des traitements est de réduire les poussées et de maîtriser les inflammations. L’espérance de vie des personnes qui en sont atteintes est normale lorsque la maladie est bien traitée et que les complications sont identifiées à temps. Grâce aux médicaments, combinés à un mode de vie adapté avec une alimentation saine et moins de stress, la plupart des personnes atteintes sont en mesure de mener une vie épanouie malgré la maladie.