Un AVC change tout
Un accident vasculaire cérébral survient sans prévenir et peut entraîner de graves répercussions. Une prise en charge rapide ainsi qu’un mode de vie sain sont décisifs pour réduire les risques et accroître les chances de guérison.
Sommaire
Un AVC survient sans crier gare. Ensuite, plus rien n’est pareil. Chaque année en Suisse, quelque 16 000 personnes sont victimes d’attaque cérébrale, ou accident vasculaire cérébral (AVC). Dans la plupart des cas, un caillot sanguin entraîne un rétrécissement des vaisseaux, ou un vaisseau se rompt, ce qui cause une hémorragie cérébrale.
Dans certaines zones du cerveau, même de petites atteintes peuvent avoir des conséquences mortelles. Les statistiques montrent qu’environ 5 à 10% des personnes atteintes d’un AVC décèdent dans les quatre premières semaines. Au cours de la première année, ce taux atteint 15 à 20%. En général, plus rien n’est comme avant pour les personnes qui survivent. Environ la moitié d’entre elles souffre de séquelles durables et un tiers a besoin d’une aide extérieure. Une attaque cérébrale est donc une cause fréquente non seulement de décès, mais aussi d’atteintes permanentes.
La survie, la guérison rapide ou des handicaps à vie dépendent donc de la rapidité avec laquelle on réagit. «En cas de moindre soupçon d’AVC, il ne faut jamais hésiter à composer le numéro d’urgence 144», conseille le professeur Hakan Sarikaya, chef de clinique en neurologie à l’Hôpital de l’Île de Berne et membre de la commission de la Fondation Suisse de Cardiologie.
AVC: lorsque le cerveau est mal irrigué
Lors d’une attaque cérébrale, l’irrigation de certaines zones du cerveau est soudainement interrompue. Ce manque de vascularisation, également appelé attaque cérébrale ischémique, est responsable d’environ 85% des AVC. Dans de tels cas, un caillot sanguin ou un rétrécissement des artères bloquent la circulation sanguine vers certaines régions du cerveau. Dans environ 15% des cas, les victimes subissent une attaque cérébrale hémorragique. Un vaisseau sanguin se rompt dans le cerveau ou entre les méninges, ce qui entraîne un épanchement sanguin dans les tissus environnants.
Les causes d’une attaque cérébrale: voici comment réduire votre risque de 80%
Les AVC sont particulièrement dangereux, car ils surviennent sans crier gare. Outre l’aspect génétique, l’âge joue un rôle important. Dès 60 ans, le nombre de personnes touchées augmente donc fortement. Néanmoins, l’âge n’est pas le seul facteur; il est tout à fait possible de réduire son risque, insiste le Dr Hakan Sarikaya. Une étude internationale a d’ailleurs montré que la probabilité d’AVC diminue de 80% si l’on réduit ses facteurs de risque personnels:
Hypertension artérielle
Nicotine
Alcool
Surpoids
Dysfonctionnements du métabolisme
Diabète
Maladies cardio-vasculaires
Sommeil
«En cas de moindre soupçon d’AVC, il ne faut jamais hésiter à composer le numéro d’urgence 144.»
Identifier les symptômes d’une attaque cérébrale
Lors d’une attaque cérébrale, chaque seconde compte. Il est donc essentiel de reconnaître les signes précurseurs. Des fourmillements ou une paralysie soudains d’un côté du corps, ainsi que des troubles aigus de la vision et du langage, peuvent indiquer un AVC. En cas de doute, les spécialistes recommandent le test «FAST»:
- F comme face, ou visage: demandez à la personne de sourire. Si seule l’une des commissures des lèvres monte, il peut s’agir d’une paralysie.
- A comme arms, ou bras: Demandez à la personne de tendre les bras vers l’avant. Là aussi, si les deux bras n’effectuent pas le même mouvement, une paralysie est possible.
- S comme speech, ou langage: Demandez à la personne de répéter une phrase simple. Si elle n’y parvient pas ou si elle présente des problèmes d’élocution, il peut s’agir d’un AVC.
- T comme time, ou temps: n’attendez pas que les symptômes s’aggravent pour appeler le 144!
Les premiers secours, une différence de taille
En attendant l’arrivée des secours, tentez de calmer la patiente ou le patient et surélevez légèrement le haut de son corps. Cela peut l’aider à respirer. Ouvrez les vêtements serrés comme le col de chemise ou la cravate pour éviter une pression supplémentaire. Ne donnez rien à boire ou à manger à la victime, car elle pourrait s’étrangler.
Si la personne a perdu conscience mais respire, la position latérale est la plus sûre. Tournez la personne sur elle-même, le côté paralysé vers le bas. Cela libère les voies respiratoires et empêche la victime de s’étouffer avec son vomi ou sa salive.
Comment traiter un AVC?
Dès l’arrivée du médecin urgentiste, la patiente ou le patient est conduit-e à la Stroke Unit la plus proche, un centre de traitement spécialisé. Lors d’une attaque cérébrale ischémique, causée par un caillot sanguin, le traitement consiste en premier lieu à rétablir la circulation sanguine, que ce soit au moyen de médicaments ou à l’aide d’un cathéter.
En cas d’AVC causé par une hémorragie cérébrale, il s’agit de maîtriser la pression sanguine et cérébrale, tout comme le saignement. Un repos total et des mesures visant à prévenir une augmentation de la pression s’avèrent décisifs. En cas de saignement important, une opération peut être nécessaire.
Une fois la personne hors de danger aigu, il faut éviter un autre AVC. Outre un traitement médicamenteux, d’autres mesures sont alors essentielles. Le corps médical conseille une alimentation saine, une activité physique régulière, une perte de poids et l’arrêt de l’alcool et du tabac.
Ces changements contribuent à réduire la pression artérielle et le taux de cholestérol, et donc le risque de nouvelle attaque cérébrale. Un mode de vie sain représente un complément judicieux à la thérapie médicamenteuse et peut contribuer à prévenir un autre AVC.
Portrait de l’expert
Le professeur Hakan Sarikaya est coresponsable de la Stroke Unit à Hôpital de l’Île de Berne. Après ses études de médecine à l’Université de Zurich, il a suivi une formation de neurologie clinique à Saint-Gall et Zurich, se spécialisant dans le domaine des AVC. Il est également membre de la commission de la Fondation Suisse de Cardiologie.
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