La Suisse, îlot de longévité
L’espérance de vie en Suisse n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies. Elle est aujourd’hui l’une des plus élevées au monde – devant la plupart des pays d’Europe. Pour vivre le plus longtemps possible, nous devons en savoir plus sur notre corps, apprendre à gérer nos peurs et adopter une bonne hygiène de vie.
En matière d’espérance de vie, la Suisse fait depuis longtemps partie des meilleurs pays du monde: elle prend la deuxième place des classements de l’OMS et de l’ONU. Les résultats de l’étude «Sanitas Health Forecast 2024» montrent pourtant que les Suisses sont trop sceptiques dans l’évaluation de leur propre espérance de vie: en moyenne, ils espèrent atteindre l’âge de 85 ans – un âge dépassé dès 2022 d’après l’Office fédéral de la statistique (OFS), du moins pour les femmes, avec un âge moyen de 85,5 ans. Seule une minorité des personnes interrogées (29%) pensent dépasser une espérance de vie de 90 ans également pronostiquée par l’OFS, avec toutefois de grandes différences entre les régions: au Tessin, presque la moitié de la population (41%) est convaincue qu’elle atteindra ou approchera l’âge de 90 ans, alors qu’ils ne sont que 26% à le penser en Suisse alémanique et 33% en Suisse romande. Il est intéressant de constater que c’est effectivement au Tessin que l’on compte le plus de centenaires en Suisse, et de loin.
Le Tessin, nouvelle «zone bleue» de Suisse?
Avec 42 centenaires pour 100 000 habitantes et habitants, le canton du soleil en compte presque deux fois plus que le reste du pays – la moyenne suisse étant de 22 centenaires pour 100 000 habitant-es selon l’OFS. L’étude «Sanitas Health Forecast 2024» montre que les Tessinois accordent plus d’importance à atteindre un âge avancé que les Suisses des autres cantons: 59% des personnes interrogées au Tessin tiennent à vivre longtemps, alors qu’elles ne sont que 42% en Suisse alémanique et 44% en Suisse romande à l’espérer.
Pas vraiment envie de vieillir vieux
Aux attentes peu optimistes se mêle en Suisse alémanique et en Suisse romande un certain manque d’enthousiasme à l’idée de vieillir. Quand on leur pose directement la question, plus de la moitié des personnes interrogées (56%) ne se réjouit pas à l’idée de vieillir, et moins de 40% des personnes de moins de 45 ans se sentent préparées à cette idée. Là encore, les chiffres varient considérablement selon les régions: au Tessin, la majorité des personnes interrogées (65%) se réjouissent de vieillir, alors qu’elles ne sont que 44% en Suisse alémanique et seulement 40% en Suisse romande.
Vieillir est donc manifestement encore très mal accepté en Suisse. Et ce n’est pas tout: alors que les personnes âgées sont traitées avec beaucoup de respect dans d’autres cultures, par exemple au Japon, elles ne sont pas très estimées en Suisse. Pour environ un tiers seulement des personnes suisses interrogées (35%), les personnes âgées jouissent d’une grande estime dans ce pays. Ce taux varie en fonction de la région: alors que pour la moitié des personnes interrogées en Suisse romande (53%) l’estime pour les personnes âgées est haute ou très haute, cet avis n’est partagé que par 29% des personnes interrogées en Suisse alémanique.
Les Suisses sont en revanche unanimes sur ce qui pourrait rendre le vieillissement attirant: les biens les plus précieux pour les personnes âgées sont la santé physique (54%) et psychique (43%). Quant à ce qu’il faudrait faire pour vivre le plus longtemps possible en bonne santé, les personnes interrogées sont plus dubitatives.
Vivre plus longtemps en bonne santé nécessite une révolution du mode de vie
Pour vivre plus longtemps en bonne santé, il faut bien sûr surmonter ses peurs. Mais il existe de nombreux autres leviers – que les Suisses connaissent parfaitement: quand on leur demande quels sont les principaux facteurs qui influencent leur propre espérance de vie, la plupart des personnes évoquent les aspects que nous associons à la théorie des «zones bleues»: une activité physique régulière (88%), l’équilibre intérieur (87%), une alimentation saine (86%) et les liens familiaux (80%).
Chacun de ces facteurs révèle d’autres perspectives passionnantes. Ainsi, si 89% des personnes interrogées reconnaissent l’importance de marcher régulièrement pour vivre le plus longtemps possible en bonne santé, six personnes sur dix pensent en outre que les journées de travail passées majoritairement en position assise au bureau ont une influence négative sur l’espérance de vie. En ce qui concerne l’alimentation, il est frappant de constater que si nous décidons en majorité de manger plus sainement, cela n’est pas aussi facile pour tout le monde dans la pratique: 98% des personnes interrogées consomment régulièrement du sucre, et 61% n’ont encore jamais essayé de le supprimer complètement de leur alimentation.
Dans le domaine des relations sociales, il apparaît nettement que la jeune génération en particulier, c’est-à-dire 58% des 18 à 29 ans, estime que son environnement social influence fortement (positivement ou négativement) son mode de vie. Les Suisses estiment enfin que le sens de leur vie, qui se manifeste dans leur satisfaction et leur équilibre intérieur, a une grande influence sur leur espérance de vie et qu’il ne faudrait pas sous-estimer ce facteur. 94% des personnes entre 60 et 74 ans estiment en effet qu’il existe un lien étroit entre la satisfaction et l’espérance de vie.
Nous aurions donc, chacun et chacune d’entre nous, les cartes en main pour vivre longtemps en bonne santé. C’est également ce que pensent les personnes interrogées dans le cadre de l’étude «Sanitas Health Forecast 2024»: 84% voient en une prévention proactive et une bonne hygiène de vie les principaux facteurs favorisant une plus grande espérance de vie. Pour les personnes interrogées de 45 ans et plus, la responsabilité individuelle constitue le principal facteur d’influence pour vieillir en bonne santé. Elles sont cependant convaincues qu’un changement radical est nécessaire dans ce domaine pour que la vie reste digne d’être vécue à un âge avancé. La majorité des personnes interrogées (55%) seraient hypothétiquement prêtes à changer radicalement leur vie si cela leur permettait de rester plus longtemps en bonne santé.